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On nous prendrait pas pour des cornichons ?

Désireuse de ne pas se faire avoir comme avec l’initiative 1 : 12 de Minder, la droite met le paquet contre le salaire minimum en votation le 18 mai. Le Matin lui déroule le tapis rouge et se mue en officine patronale. L’éditorial du 17 mars n’y va pas de main morte en évoquant « les foudres d’une gauche bien pensante et utopiste » qui prendrait le risque de couler une PME du cornichon romand : Hugo Reitzel. Les syndicats, avec leur initiative, prendraient le risque de transformer la Suisse en « ghetto de l’industrie du luxe et des services ».

Le chantage à l’emploi est certes une arme efficace de la droite pour gagner les votations en refroidissant celles et ceux qui seraient tentés de vouloir un peu de justice sociale, et de dignité.

Pourquoi l’initiative sur le salaire minimum mettrait-elle en danger l’entreprise centenaire du cornichon ? Pour 18 personnes sur 110 collaborateurs qui touchent moins de 4000 fr. par mois. Revaloriser le salaire de ces 18 personnes serait donc impossible pour une entreprise dont le chiffre d’affaires s’élève à 128 millions par an ? Comme l’indique Le Courrier dans son édito du 18 mars, on se demande combien touchent les membres de son conseil d’administration. Si la direction et les actionnaires ne veulent pas restreindre leurs marges, sur lesquelles il n’y a aucune transparence, il paraît vraisemblable que la population serait prête à payer 50 centimes de plus le bocal. En Suisse, le 10 % des salariés les moins payés ne représentent que 1 % de la masse salariale. Une revalorisation de ces bas salaires serait donc relativement indolore pour les entreprises si les 10 % les mieux payés ne s’accaparaient pas plus de 30 % de la masse salariale (chiffres du 24 Heures, 19.2)

« Plutôt un salaire à 3900 fr. que pas d’emploi du tout », claironne de son côté le libéral vaudois Philippe Leuba, n’hésitant pas à vanter un partenariat social qui permettrait d’éviter d’en arriver à de telles solutions législatives. Le syndicat Unia invite donc la direction de Reitzel à le contacter en vue de l’établissement d’une convention collective de travail qui a toujours fait défaut dans l’entreprise. Car les mêmes qui louent le partenariat social sont les derniers à le mettre réellement en pratique.

Le cas du roi du cornichon démontre que l’initiative ne met pas les PME en danger mais révèle surtout leur mauvaise foi quand il s’agit de payer correctement leurs salariés : elles préférent laisser à l’Etat le soin de compléter leurs bas salaires. (YS).

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