Silence on ferme…
Hasard du calendrier, la presse neuchâteloise relatait ce 7 mai le devenir de deux bureaux de poste « examinés » par la direction du géant jaune.
C’est dans l’air du temps dans les petites communes, les offices postaux tendent peu à peu à disparaître, au détriment du facteur à domicile ou de l’agence postale chez un partenaire. Les bureaux sont auscultés, analysés, la rentabilité épluchée et des études de marché réalisées. Tout cela en silence. Dans sa magnanimité, La Poste informe seulement les autorités communales concernées, desquelles, elle exige une grande discrétion.
Bureau de poste de Gorgier
C’est pour briser ce silence qu’une petite délégation de syndicom distribuait des tracts le mardi 6 mai devant la poste de Gorgier (voir notre dernière édition). Les journaux L’Express et L’Impartial ont relaté dans leurs colonnes les péripéties qui ont amené le syndicat à se manifester. Les craintes d’une fermeture sont fondées mais personnes ne veut en parler et comme à l’accoutumée la population concernée sera mise devant un fait accompli. La section Arc jurassien de syndicom souhaite briser cette loi du silence. Jean-François Donzé s’insurge contre le manque de participation et de discussion de La Poste sur le devenir des bureaux dans les villages. « En demandant la confidentialité durant les négociations, La Poste met les autorités communales sous tutelle. Or les élus doivent la transparence à ceux qui les ont élus », juge-t-il.
Gorgier est un village qui compte près de 2000 habitants et le buraliste actuel, après de nombreuses années de service et de fidélité à La Poste, est parti en retraite le 31 mai. Hélas, trois fois hélas, le couperet est tombé, la poste actuelle est fermée au profit d’une agence chez un partenaire, à savoir la Papeterie-Tabacs du Centre…
Et dans le Val-de-Travers
Après Noiraigue, Buttes et Saint-Sulpice, c’est le tour de Môtiers. Victime à son tour d’une baisse de trafic, d’une baisse des opérations postales, le bureau sera fermé le 5 juillet 2014. Le Courrier neuchâtelois nous a appris le 7 mai que ledit bureau sera transformé en agence et déplacé dans la Maison de l’Absinthe. Voilà une collaboration bien singulière qui s’est négociée aussi dans le plus grand secret. La presse nous apprend que l’actuelle employée de La Poste sera replacée dans un office de la région. Ce que le journal ne spécifie pas, c’est le coût moral pour la personne déplacée et c’est à elle que nous pensons en écrivant ces quelques lignes. Quant à la création d’une agence dans le Musée de l’Absinthe et d’une possible ouverture sept jours sur sept, nous pensons qu’il ne faut pas rêver ou trop abuser de la fée verte… Il est vrai que les deux partenaires peuvent être gagnants, l’un amenant du trafic et des clients à l’autre…
Malgré les bénéfices…
Le pays comptait 3400 bureaux de poste en 2001. Au 31 décembre dernier, il n’en restait que 1662. Ces fermetures ont été partiellement compensées par la création de 569 agences et 1269 services à domicile. Selon la loi, « les prestations de base doivent être disponibles dans toutes les régions à une distance raisonnable ». Ce qui signifie que 90 % de la population doit pouvoir accéder à un office de poste ou à une agence en 20 minutes à pied ou en transports publics (30 minutes si un service à domicile a été mis en place). Pour mémoire, l’an dernier, La Poste a réalisé un bénéfice après impôts de 626 millions de francs. Ce n’est pas uniquement le 90 % de la population que l’on doit considérer, mais le 100 % et avec un tel bénéfice, La Poste pourrait reconsidérer les fermetures des bureaux et / ou pour le moins informer mieux son personnel et sa clientèle.
Dernière minute
syndicom regrette et dénonce vivement la décision de La Poste de fermer le bureau de poste de Gorgier (2000 habitants). C’est une fois de plus une attaque contre un service public de qualité ! La Poste Suisse continue sans gêne le sinistre démantèlement de son réseau postal et pénalise ainsi un grand nombre d’usagers. Par cette transformation en agence postale, nombre de prestations ne seront plus offertes à la clientèle. Le pays comptait 3400 bureaux en 2001, au 31 décembre de cette année, il n’en restait que 1662. Dans sa sombre liste de fermetures, le géant jaune pourra rajouter le bureau de poste de Gorgier. Je dénonce une fois de plus cette « politique du fait accompli » : En demandant la confidentialité durant les négociations, La Poste met les autorités communales sous tutelle. Or les politiques doivent la transparence à ceux qui les ont élus.
J.-F. Donzé, secrétaire régional