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La SSR sur le banc des accusés

Les éditeurs, comme Tamedia, aimeraient bien limiter le mandat de la SSR et son expansion sur Internet. Roger de Weck, directeur général de la SSR depuis 2011, rappelle en quoi consiste le mandat de service public qu’il défend.

 

La réflexion sur le service public semble ne pas vouloir prendre fin. Et chaque jour est marqué par des interrogations pressantes. L’une d’entre elles : quelles sont les prestations relevant de la stricte compétence du service public ?

Roger de Weck : Ce qui est décisif, c’est le mélange adéquat. Un bon programme télévisé ou radiophonique, tout comme un bon journal, se compose d’ingrédients déterminés. Les ingrédients des chaînes de service public sont totalement différents de ceux des chaînes commerciales. Sur une chaîne commerciale, il n’y aura jamais un magazine culturel, un magazine scientifique, un magazine économique, un documentaire en prime time.

Le mélange adéquat comprend également le divertissement. Selon vous, le divertissement relève-t-il des prestations du service public ?

Oui. Ce n’est pas par hasard que les personnes qui ont rédigé la Constitution suisse ont prévu que le mandat comprendrait, outre l’information, la formation et la culture, également le divertissement. Il n’y a pas, dans le monde, de chaîne généraliste qui pourrait se permettre de renoncer au divertissement donc à une partie importante des téléspectateurs. Un service public qui n’atteint pas le grand public n’est pas un service public. Nous sommes un service public, un service au public, un service au grand public.

Audio, vidéo et même texte : la SSR est souvent accusée de s’être étendue sur le Web bien au-delà de son mandat de service public.

C’est une accusation infondée. La raison d’être de la SSR est de faire de la production audiovisuelle. Mais nous vivons à l’époque du numérique. Et nous devons être là où se trouve notre public. Avec Internet, pour la première fois dans l’histoire du monde, nous disposons d’une plate-forme pour les images, pour le son et pour le texte. La SSR reste fidèle à sa mission, et pour mettre en valeur l’audiovisuel, on se sert d’un peu de texte.

Le problème, c’est l’« extranéité » du texte par rapport à l’émission télévisée ou radiophonique.

Pour les articles étrangers à une émission télévisée ou radiophonique, la concession nous invite à ne pas dépasser les mille caractères. Mais à titre de compensation, elle nous permet d’approfondir des contenus qui ont un lien direct – temporel ou thématique – avec les émissions proposées.

Autre accusation : le service public dispose de trop de recettes financières. Il y en a même qui voudraient qu’il soit totalement découplé de la publicité, comme c’est le cas dans d’autres pays européens.

Prenons le système allemand. Avec 80 millions de personnes et des programmes en une seule langue, l’allemand, l’Allemagne n’a pas besoin de publicité. Les chaînes de télé cessent de diffuser les spots à 20 h. Les recettes publicitaires représentent 5 % du budget d’ARD et de ZDF. Afin de pouvoir financer la totalité de la production dans un pays comme la Suisse, avec à peine 8 millions d’habitants et des programmes dans quatre langues, la redevance devrait être trop élevée. La publicité finance 25 % de nos programmes. Grâce à elle, la redevance est plus modérée.

A propos de redevance, quelle est la logique de la révision de la Loi fédérale sur la radio et la télévision (LRTV), sur laquelle le peuple suisse se prononcera le 14 juin ?

Il s’agit d’une votation sur le mode de financement du service public et non sur le service public lui-même. Cela dit, nous avons aujourd’hui une redevance liée à la possession d’un appareil de réception. De plus en plus de personnes, cependant, suivent nos programmes sur les smartphones, sur les tablettes, sur les ordinateurs, partout et à tout moment. A l’ère du numérique, pratiquement chaque ménage possède un moyen d’accéder à la radio et à la télé. C’est pourquoi le Conseil fédéral et le Parlement ont décidé de remplacer l’actuelle redevance de réception par une redevance généralisée. Les avantages seront considérables.

Si la révision de la LRTV apporte vraiment un meilleur mode de financement, pourquoi l’Union suisse des arts et métiers (USAM) – qui représente les petites et moyennes entreprises – a-t-elle saisi le référendum ?

Personnellement, je suis surpris, parce que la majeure partie des entreprises profiteront du nouveau système. L’offre de la SSR est de plus en plus utilisée dans les entreprises, pas seulement dans les véhicules de livraison ou d’affaires. Depuis que l’utilisation en ligne est possible, on peut accéder aux informations dont on a besoin à tout moment. Et dans la vie d’une entreprise, cela peut être utile. C’est la raison pour laquelle les grandes associations comme Gastrosuisse, Economiesuisse, ou l’Union suisse des paysans soutiennent la nouvelle loi et ne partagent en aucune manière l’opinion de l’USAM.

La Commission fédérale des médias (COFEM) s’occupe également du service public. Qu’attend-on de cette commission ?

La commission examine de façon approfondie l’espace médiatique suisse et le rôle du public suisse. Nous avons besoin d’une politique médiatique qui soit bien fondée. Souvent, l’opinion publique discute de politique médiatique sans beaucoup de connaissances en la matière, et je pense que cette commission saura apporter un savoir-faire, une expertise et une profondeur d’analyse qui favoriseront un débat de qualité.

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